Un petit billet sans prétention pour répondre à une question qui m’a été posée sur un réseau social : pourquoi Jean-Luc Mélenchon est-il contre le travail le dimanche ? Toutes ces choses là ont déjà été dites ailleurs, et sans doute mieux ; je me sers de cet espace car il est plus confortable qu’une messagerie.

Actuellement, il y a en France deux principes : les salariés ont droit à un jour de repos hebdomadaire ; ce jour de repos est normalement le dimanche, sauf exceptions dans certains secteurs. Pourquoi faut-il conserver ce principe ?

Cela permet à un couple de salariés d’avoir ce jour de congé en commun, ainsi qu’avec leurs enfants, qui n’ont pas cours puisque les professeurs aussi sont en congé. Ils peuvent donc avoir du temps pour eux, ce qui ne serait pas possible si les cours étaient suspendus le dimanche, si l’un des parents avait son congé le jeudi et l’autre le mardi.

C’est donc une mesure favorable à la vie de famille, et, au delà, à la vie du pays : on peut se rendre visite, on peut voter le dimanche, parce qu’on ne travaille pas.

Que le dimanche soit généralement chômé est également profitable aux artisans et aux professions libérales : ils peuvent fermer leur boutique ce jour là sans pression, puisque leurs concurrents sont également fermés. Pour les artisans qui exercent depuis leur domicile et sont joignables par téléphone, le fait que la plupart des services sont fermés le dimanche et que ce fait est connus du grand public leur procure une plus grande tranquillité : les personnes bien élevées ne chercheront pas à les contacter ce jour là.

Ce principe est également favorable aux salariés qui exercent dans des secteurs où, en raison de la nature des activités (services d’urgence, mais aussi restauration, loisirs, tourisme), il y a du travail le dimanche : ils bénéficient en principe d’une rémunération supérieure pour ces jours là ou d’une compensation (selon les secteurs).

Au contraire, la banalisation du travail le dimanche, comme on commence à l’observer dans la grande distribution, pénalise tout le monde pour un intérêt très réduit : le chiffre d’affaire est étalé sur 7 jours au lieu de 6, parce qu’on ne va pas se mettre à dépenser dimanche l’argent qu’on n’a pas plus que le reste de la semaine. Mais voilà : il suffit qu’un concurrent ouvre le dimanche dans une zone géographique pour qu’une course à l’échalote se mette en place et pousse tous les autres à faire de même ; pour leurs salariés, c’est un renoncement prétendument « volontaire » à la vie de famille le dimanche ; pour les salariés des secteurs qui travaillent déjà le dimanche, c’est le risque que cette banalisation entraine l’amoindrissement des compensations spécifiques qu’ils avaient.